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L’importance du témoignage orthodoxe en Occident

Eglise du monastère de Solan dans le Gard. Photo : V. Agassant, 2021.

La présence de l’Orthodoxie en Occident est une nécessité vitale, avant tout parce que l’Église orthodoxe est l’Église véritable du Christ. Comme nous l’enseigne toute la Tradition, l’Église est la véritable arche du salut pour toute l’humanité, le moyen établi par Dieu pour que les hommes obtiennent le Salut et la vie éternelle. A ce titre, il faut qu’elle soit présente partout et rayonne sur le monde. Les fruits que portera cette présence dépendront ensuite de la libre réponse des hommes.

D’autre part, l’Occident est douloureusement partagé, depuis le XVIe siècle, entre le catholicisme romain et les confessions issues de la Réforme protestante. De bons historiens pensent que celle-ci n’aurait jamais eu lieu, si la grande rupture avec l’Orthodoxie ne s’était pas produite au XIe siècle. Les Réformateurs ont voulu réagir contre des abus et des déviations qui étaient en grande partie propres au Christianisme occidental, et qui s’étaient développés à la faveur de la séparation du reste du monde chrétien. Mais ces Réformateurs vivaient dans un univers déjà coupé de la tradition ancienne et étaient eux-mêmes imprégnés d’augustinisme ; c’est pourquoi ils n’ont pas pu retrouver la plénitude du christianisme originel. Dans un tel contexte, la présence de l’Église orthodoxe, bien loin d’être un facteur de nouvelles divisions, peut être un puissant ferment pour la recomposition de l’unité spirituelle de l’Europe. Unité qui ne peut se fonder […] que sur la foi que tous les chrétiens ont professée ensemble pendant un millénaire.

Enfin, l’occident est soumis depuis longtemps déjà à un processus de déchristianisation qui mine les fondements même de sa civilisation, et qui risque de le conduire, dans les décennies à venir, à un déclin irrémédiable. Ceci est particulièrement sensible en France, où ce processus est une conséquence indirecte de la Réforme du XVI° siècle, et aussi de la réaction trop cléricale et autoritaire du catholicisme de la Contre-Réforme. Il est étroitement lié à certains aspects de la Révolution française et aux conditions dans lesquelles sont nés aussi bien le libéralisme économique que le marxisme. Devant le risque de l’asphyxie spirituelle qui les menacent, beaucoup d’Occidentaux en viennent à chercher un peu d’oxygène dans les sectes plus ou moins marginales qui se multiplient, ou dans les sagesses extrême-orientales. Mais, même parmi ceux-ci, il est des hommes qui redécouvrent finalement dans l’Église orthodoxe une source spirituelle toujours jaillissante, demeurée largement étrangère à la plupart des conflits qui ont préparé l’éclatement de l’univers occidental, et qui porte la promesse de la Vie pour notre monde.

P. Placide Deseille (+)

Le Père Placide (+ 2018) fut un moine et théologien français. Il est le fondateur de deux monastères, St-Antoine-le-Grand (Vercors) et Solan (Gard), rattachés à celui de Simonos Petra au Mont Athos. Il publia de nombreux ouvrages sur le monachisme et la spiritualité orthodoxe. Il eut également une œuvre de traducteur et éditeur.

Source : Extrait du livret L’Église orthodoxe et l’Occident, repris dans son ouvrage De l’Orient à l’Occident, Orthodoxie et Catholicisme (2017) au Éditions des Syrtes.

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