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Le sens chrétien de la Chandeleur, « fête des cierges »

Photo : V. Agassant.

Cette fête de la Sainte Rencontre était très populaire jadis, même en France, où on l’appelait en général « la Chandeleur », ce qui voulait dire « la Fête des chandelles », des cierges, car (…) une tradition ancienne voulait qu’en ce jour, à la procession de la fête, tous les fidèles portent des cierges en main pour rappeler le geste du vieillard Syméon portant le Christ, la vraie lumière, dans ses mains. Ces cierges, que l’on bénissait au cours de cette fête, étaient ensuite gardées pieusement dans les familles, où on les conservait en particulier comme une protection contre l’orage. (…)

La Sainte Rencontre, c’est le fait que le Christ, amené ainsi au Temple par sa Mère toute Sainte, est reçu dans les bras du vieillard Syméon. Le vieillard Syméon et la prophétesse Anne symbolisaient, résumaient en leurs personnes toute la lignée des pauvres d’Israël dont nous sentons la présence à travers l’Ancien Testament, que nous entendons prier dans les Psaumes, toujours assoiffés de Dieu, vides d’eux-mêmes. C’est cette pauvreté intérieure, spirituelle, qui les faisait aspirer à Dieu, aspirer à cette rencontre suprême que nous voyons s’accomplir aujourd’hui dans nos célébrations liturgiques, lesquelles annoncent et préfigurent la Rencontre eschatologique qui se réalisera pleinement au jour du Retour du Christ et de la Résurrection finale.

C’est d’ailleurs pour cela qu’à la fin du cinquième, ou au sixième siècle, une abbesse de monastère, l’higoumène du monastère du Repos de la Mère de Dieu, entre Jérusalem et Bethléem, a instauré en Palestine [cet] usage (..) de porter des cierges à la litie de la Sainte Rencontre. Les cierges qu’elle voulait ainsi que les chrétiens portent dans leurs mains dans cette procession, signifiaient leur participation au « mystère de Syméon », qui avait dans ses bras le Christ, la lumière véritable qui illuminait son cœur.

Photo : IA, Juan Manuel Picardo. Source : Adobe Stock

Déjà cependant, la Sainte Rencontre s’était accomplie d’abord par l’Incarnation elle-même du Christ, par le fait qu’en lui, la Divinité s’est unie à la nature humaine. (…) Dans son humanité sainte le Christ, nouvel Adam, nous contenait tous en lui. Par là, tous les hommes étaient déjà, d’une certaine manière, sanctifiés en lui, parce que assumés par lui du fait de l’Incarnation et potentiellement, virtuellement divinisés par cette rencontre avec la divinité. Assurément, il fallait aussi que par le baptême, cette divinisation potentielle de l’humanité dans le Christ se réalise effectivement en chacun de nous, en chacun des hommes. Mais du fait même de l’Incarnation du Christ, d’une certaine manière tout homme porte le Christ comme Syméon, tout homme est désormais « christique », sinon chrétien, parce que le Christ est porté par tout homme.

Comme le disaient les anciens pères, le seul fait de porter aujourd’hui des cierges allumés dans nos mains signifie divinisation, signifie cette Sainte Rencontre qui s’accomplit aujourd’hui, et qui symbolise et réalise déjà d’une façon inchoative tout le mystère du Christ, tout le mystère de l’Église, cette rencontre, cette divinisation, cet admirable échange entre la nature divine et la nature humaine que chante la liturgie. (…)

La fête de la Sainte Rencontre signifie, et d’une certaine façon réalise pour nous, ce qui est l’essence même de notre vie chrétienne : que nous portions le Christ en nous, que nous soyons illuminés par lui, que, comme le disait saint Ambroise de Milan, de même que Syméon portait le Christ, mais était mené intérieurement par lui, nous soyons nous aussi ainsi illuminés par lui, que nous portions toujours en nous cette lumière sans déclin qu’est l’énergie incréée qui rayonne de sa personne divine et de son humanité sainte, glorifiée à la droite du Père.

A travers cette fête, nous entrevoyons la liturgie céleste qui est et sera à jamais l’éternisation de la Sainte Rencontre. Mais déjà chacune de nos liturgies est elle aussi une Sainte Rencontre, en laquelle est rendu présent tout le mystère de notre salut, tout le mystère du Christ.

P. Placide Deseille (+)

Le Père Placide (+ 2018) fut un moine et théologien français. Il est le fondateur de deux monastères, St-Antoine-le-Grand (Vercors) et Solan (Gard), rattachés à celui de Simonos Petra au Mont Athos. Il publia de nombreux ouvrages sur le monachisme et la spiritualité orthodoxe. Il eut également une œuvre de traducteur et éditeur.

Source : Extrait d’une homélie prononcée le 2 février 2000 au Monastère de Solan, publiée dans La Couronne bénie de l’année (2017).

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