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Lazare, l’ami fidèle

Lazaretout comme ses deux sœursMarthe et Marie, est un fidèle ami de Jésus. Ils habitent à Béthanie et apparaissent à trois reprises, d’une manière explicite, dans les Évangiles : lors du « dîner » où le Christ a réprimandé (avec délicatesse !) Marthe (Lc10, 38-42), lors de la résurrection de Lazare (Jn11, 1-45) et enfin, peu avant la Passion (Jn12, 1-9). On se souvient que, lors du fameux dîner, Marthe semble avoir perdu le sens des valeurs et des proportions. Pourtant, Marthe n’a pas dit son dernier mot, car les deux sœurs vont se retrouver au premier plan, dans une scène encore plus dramatique, à l’occasion de la mort et de la résurrection de leur frère Lazare (Jn11, 1-45). Lorsque Lazare, le frère de Marthe et de Marie, l’ami de Jésus, meurt, c’est Marthe qui prononce des paroles émouvantes, d’une incroyable intensité : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort » (Jn11, 22). En prononçant ces mots, Marthe devine que Jésus peut vaincre la mort. 

Remarquons, au passage, la discrétion de Marie, dont Saint Jean nous dit seulement, qu’elle « était assise à la maison » (Jn11, 21). Marthe va encore plus loin : « Mais maintenant encore, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te le donnera » (Jn11, 23). Peu sont ceux, apôtres et disciples compris, qui aient témoigné, haut et fort, une telle certitude. Le Christ lui donne d’ailleurs tout de suite raison en lui révélant : « Je suis la résurrection et la vie, celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra… » (Jn11, 26). Lorsqu’elle dit « Oui Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde » (Jn11, 28), Marthe affirme l’essentiel. Il est permis de croire que ces paroles auront effacé sa fébrilité effrontée et peut être le péché de mépris, avec lequel elle avait, jadis, jugé sa sœur. 

En apprenant la mort de son ami Lazare, Jésus pleure. « Lorsqu’il les vit se lamenter, elle et les Judéens qui l’accompagnaient, Jésus frémit intérieurement et se troubla. Il dit : « Où l’avez-vous déposé ? Ils répondirent « Seigneur, viens voir ». Alors Jésus pleura » (Jn11, 33-36). Affligé par le désespoir et par la souffrance de Ses amis, sur la tombe de Lazare, Jésus fait face à la mort, à la destruction, à la putréfaction – « Seigneur, il doit déjà sentir » (Jn 11, 39) – à la déchéance. 

Aurait-Il pu éviter cela ? Devait-Il le faire ? La question n’est pas ouvertement posée, mais elle est insinuée : « Mais quelques-uns d’entre eux dirent : « Celui qui a ouvert les yeux de l’aveugle n’a pas été capable d’empêcher Lazare de mourir » (Jn11, 37). Il ne le fait pas, parce ‘que la mission messianique du Christ n’est pas de supprimer la mort. Tant que l’humanité est en chemin, in via, la mort demeure, car elle a vocation à révéler le Royaume : « Lazare est mort, et je suis heureux pour vous de n’avoir pas été là, afin que vous croyiez » (Jn11, 14). 

Le Christ verse des larmes pour son ami Lazare, mais aussi, à travers lui, pour l’ensemble de l’humanité déchue et souffrante. Ces larmes sont un prélude à celles versées pendant la nuit de la Passion, à Gethsémani. 

Michel Simion 

Michel Simion est un essayiste, traducteur de textes théologiques et professeur d’histoire moderne et contemporaine. Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris (1983) et de l’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge (2016), il a traduit et a fait connaitre en France les homélies de Nicolae Steinhardt aux éditions Apostolia. Il a lui-même publié aux Éditions Apostolia et aux Éditions de L’Harmattan.

Source : Extrait du livre « Par la mort Il a vaincu la mort », Éditions  L’Harmattan. 


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