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Le diaconat féminin hier et aujourd’hui

Monastère de Solan. Photo : Victor Agassant.

Dans la tradition grecque byzantine, la Didascalie tout comme les Constitutions apostoliques confirment que les diaconesses sont responsables de la formation catéchétique et spirituelle des femmes et avaient un travail social ; la diaconesse assiste l’évêque lors du baptême des femmes, ce qui était la norme aux tout premiers siècles. Elles étaient autorisées à porter la communion à la maison aux femmes malades. Elles faisaient un vœu de célibat. Au 4e siècle, on connaît les noms de deux célèbres diaconesses : Olympia qui aida saint Jean Chrysostome, et Macrine, la sœur de saint Basile, évêque lui aussi. Au 6e siècle, on comptait quarante diaconesses actives dans la cathédrale Sainte-Sophie à Constantinople. Leur ministère fut vivant au moins jusqu’au 11e siècle, voire jusqu’à la fin de l’empire byzantin (1453).

De nos jours le sujet des diaconesses et du diaconat féminin est débattu dans différentes Églises. Dans l’Églises orthodoxe, des consultations ont eu lieu en 1976 au monastère d’Agapia (Roumanie), en 1988 à Rhodes, en 1996 à Damas, en 1997 à Istanbul et en 1998 à Nairobi.

Au 20e siècle, certains ont tenté un certain renouveau des diaconesses, tel le saint évêque Nectaire d’Égine qui, en 1911, ordonna une moniale à devenir diaconesse en utilisant la prière d’ordination du diacre, ce qui fut très critiqué à son époque. Il précisa qu’il ne s’agissait pas d’une ordination en direction de la prêtrise. En 1952 l’Église de Grèce fit établir une école pour des diaconesses laïques à Athènes pour le service pastoral et social, sans ordination ; cela dura jusqu’en 1990.

En Russie, la grande duchesse Elisabeth Fedorovna fonda le monastère de Marthe-et-Marie à Moscou en 1908, pour servir les plus pauvres. En 1991 le père Arkadi Chatov (actuellement évêque Panteleimon) fonda une communauté de « diaconesses » puis l’institut pour leur formation. La plupart travaillent dans un grand hôpital, qu’elles soient célibataires ou mariées.

En Afrique, en 2017, à Kolwezi (Congo), le patriarche grec orthodoxe d’Alexandrie, Théodore, consacra une diaconesse à la fin de la liturgie, pour le travail missionnaire, après que le Saint-Synode alexandrin décida de restaurer cet ordre en 2016. Tout cela fut critiqué par certains orthodoxes.

Il faut portant reconnaître que ce « service » des diaconesses dans les Églises orthodoxes serait très profitable de nos jours, et dans le monde entier, en particulier dans les pays où les prêtres sont peu nombreux ou débordés, pour un enseignement spirituel et des activités sociales.

Le professeur Evangelos Theodorou (+2018) d’Athènes a étudié l’histoire des diaconesses, leur statut canonique, leur ministère, le rite liturgique, et il fut un pionnier pour encourager au renouveau des diaconesses dans l’Église orthodoxe aujourd’hui. Ses écrits sont des textes de référence. Pour lui, il s’agit d’une « ordination » (en grec, cheirotonia) des diaconesses, avec l’imposition des mains faite pendant la Liturgie, dans le sanctuaire, comme cela est dit dans les Constitutions apostoliques. Pour d’autres, il s’agit d’une simple bénédiction (cheirothesia).

Il y a encore beaucoup de travail à faire avant que le diaconat féminin ne soit accepté dans les Églises orthodoxes. En effet, la crainte principale est le fait que ce diaconat féminin pourrait ensuite prétendre à la prêtrise, car cela n’existe pas dans la tradition de l’Église orthodoxe. Il s’agit en fait d’expliquer et clarifier la différence entre cheirotonia et cheirothesia. Cette réorganisation devrait avant tout être discutée et organisée entre les candidates elles mêmes et leur évêque/patriarche. C’est le conseil pratique qu’avait donné le patriarche Bartholomée de Constantinople lors d’une interview donnée au Conseil œcuménique des Églises il y a quelques années.

Pour conclure, disons qu’historiquement il y eut aussi des diaconesses dans les Églises orthodoxes orientales (arménienne et syriaque orthodoxe) ainsi que dans l’Église assyrienne de l’Orient.

Christine Chaillot

Christine Chaillot a écrit de nombreux articles et livres à propos des Églises orthodoxes et orthodoxes orientales (arménienne, syriaque, copte et éthiopienne), sur leur histoire et leur spiritualité ainsi que sur leur dialogue théologique et pratique.

Pour aller plus loin :

Pour étudier plus en profondeur la question des diaconesses, on peut se référer aux articles et aux livres d’Elisabeth Behr-Siegel (+2005): Le Ministère de la femme dans l’Église (1987) et L’Ordination des femmes dans l’Église orthodoxe (1998)

On peut également mentionner ceux de la presbytera Kyriaki FitzGerald, épouse du père Thomas FitzGerald, professeur émérite du Collège théologique grec de Holy Cross à Boston (Women Deacons in the Orthodox Church : Called to Holiness and Ministry, 1998).

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