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Qu’est-ce que l’orthodoxie ? Quelques principes généraux

Fronton de l'église principale du monastère de Solan (Gard) - Photo : Victor Agassant

L’orthodoxie, avec le catholicisme et les courants issus de la Réforme, constitue l’une des expressions historiques majeures du christianisme. Elle repose sur la Personne de Jésus-Christ, reconnu comme Dieu et homme, mort et ressuscité pour la vie du monde.

L’orthodoxie (bien qu’elle n’ait pas toujours porté ce nom) s’est développée au Proche-Orient ainsi qu’en Europe de l’Est et du Nord. Aujourd’hui, elle est présente sur les cinq continents.

Comment est organisée l’Église orthodoxe ?

L’Église orthodoxe est une communion d’Églises-sœurs. Bien que l’Église soit dans sa nature une, elle s’organise localement en une pluralité d’Églises territoriales, dites « autocéphales », au sein desquelles existent parfois des Églises dites « autonomes ». Tout en jouissant d’une indépendance administrative, ces Églises locales sont interdépendantes et se reconnaissent mutuellement.

Les questions qui concernent l’ensemble des Églises sont traitées au-delà de l’échelle locale, lors de rassemblements exceptionnels : les conciles. Pour renforcer leur autorité universelle les autorités impériales du Moyen Âge ont qualifié certains conciles d’œcuméniques (c’est-à-dire universels).

La tradition orthodoxe reconnaît ainsi l’autorité de sept conciles œcuméniques, réunis du 4e au 8e siècle, auxquels on ajoute plusieurs conciles locaux.

Au-delà du contexte historique qui les a suscités, ces conciles expriment les points essentiels de la doctrine de l’Église et de son organisation.

Bien que l’appartenance religieuse soit difficile à évaluer statistiquement, on dénombre aujourd’hui dans le monde près de 280 millions de chrétiens orthodoxes.

Que veut dire orthodoxe ?

Avant de devenir une dénomination confessionnelle, l’adjectif orthodoxe désigne en grec l’opinion juste. Dès les premiers siècles du christianisme, l’Église qualifie d’orthodoxe ce qu’elle considère comme conforme à la foi reçue des apôtres. Étymologiquement, le mot veut également dire juste glorification.

Le mot orthodoxie évoque ainsi une réciprocité entre la juste doctrine et un culte authentique ; une louange liturgique porteuse d’une expérience de communion à Dieu.

Bref aperçu historique

Partant de Jérusalem après la Résurrection du Christ et l’envoi de l’Esprit au moment de la Pentecôte, les Apôtres parcourent le monde antique. Ils fondent les premières communautés chrétiennes, qui deviennent à leur tour des centres de rayonnement. L’Église qui est à Rome, Alexandrie, Antioche, exerce ainsi une autorité considérable pour les chrétiens de l’Empire.

Après avoir considéré la foi chrétienne comme illégale et l’avoir violemment persécutée, l’État romain en fait sa religion officielle au 4e siècle. Dans l’Empire christianisé s’instaure un idéal de « symphonie » entre l’Église et l’État. Malgré le témoignage courageux de certains pasteurs, on observe en Orient une inféodation de l’Église au pouvoir temporel, tandis qu’en Occident le Pape cherche à exercer une autorité politique sur les chefs d’État.

Au Moyen Âge, le christianisme, assimilé à la chrétienté, se trouve polarisé entre Rome et la nouvelle capitale impériale, Constantinople. Rivalités et incompréhensions favorisent les divergences doctrinales. Du 9e au 13e siècle, les tensions vont croissantes, elles provoquent la séparation entre catholiques et orthodoxes. Jusqu’au 20e siècle, les Églises séparées ont tendance à s’ignorer ou se réfuter mutuellement.

À partir du monde byzantin, l’Église orthodoxe s’étend en Europe centrale, au Nord et en Asie. Dès le 9e siècle, plusieurs missions rayonnent à l’extérieur de l’Empire d’Orient. La foi chrétienne se diffuse alors dans le monde slave. Cyrille et Méthode se rendent en Europe centrale : ils mettent au point un alphabet pour traduire les textes bibliques, liturgiques et patristiques en langue slave.

En 988, le grand prince Vladimir de Kiev reçoit le baptême. Cet événement marque le début d’une expansion de la foi en Europe du Nord, puis en Asie. Après la chute de Constantinople en 1453, Moscou devient un nouveau centre de chrétienté. Par le biais du monde slave, la foi orthodoxe gagne l’Asie centrale, le Japon, l’Alaska. La tradition orthodoxe s’exprime alors dans des formes diverses, suivant les cultures dans lesquelles elle s’implante.

La soumission de l’Église à l’État, déjà marquée dans l’Empire byzantin, devient encore plus forte dans l’Empire russe à partir du 18e siècle. La fin brutale du régime de chrétienté, avec la chute de Constantinople en 1453, puis la Révolution russe en 1917, entretient parfois la nostalgie d’un État protecteur de l’orthodoxie.

Les bouleversements du 20e siècle, notamment la chute des Empires russe et ottoman, suscitent de nombreux martyrs et poussent des millions de fidèles orthodoxes à émigrer. Beaucoup d’entre eux s’installent en Europe occidentale et en Amérique du Nord, où ils fondent de nouvelles communautés. Un regain de vitalité missionnaire au 20e siècle permet par ailleurs l’implantation de l’orthodoxie en Afrique et en Asie du Sud-Est. L’avènement puis la disparition des dictatures communistes, à la fin du 20e siècle affectent ensuite profondément la dynamique contemporaine du monde orthodoxe, notamment dans ses rapports à la modernité ainsi qu’aux autres chrétiens.

Un cas à part : les orthodoxes orientaux

Durant l’Antiquité, l’Église s’organise autour de cinq centres de primauté : Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem. Cette répartition entraîne l’isolement des Églises locales extérieures à l’Empire byzantin. La rupture qui intervient pour des raisons théologiques, au 5e siècle, est à l’origine des Églises assyrienne, arménienne, copte, éthiopienne, malankare, syriaque (ou araméenne) etc., dont les noyaux historiques se trouvent le long de la mer Rouge, en Mésopotamie et en Inde.

L’histoire de ces orthodoxes orientaux reste trop souvent méconnue. Leur place au sein de la famille chrétienne est pourtant centrale. Ces Églises témoignent d’un christianisme très ancien, largement empreint de ses racines sémitiques. Elles ont, par ailleurs, une expérience millénaire de coexistence avec l’Islam.

Confessionnalismes et rapprochement œcuménique

Schismes et ruptures de communion conduisent chaque groupe d’Églises séparées à se replier sur lui-même.

Après la Réforme au 16e siècle, les Églises s’identifient selon les dénominations confessionnelles devenues aujourd’hui classiques : catholique, orthodoxe, protestantes (réparties en une multitude de dénominations), sans oublier les Anglicans.

Dès le début du 20e siècle naît un désir sincère et mutuel de vivre ensemble l’unité en Christ et l’appartenance à son Église. C’est l’origine du Mouvement Œcuménique. À l’opposé de tout relativisme doctrinal ou ecclésial, cette recherche d’unité invite à ne pas enfermer la foi dans des formulations verbales ou rituelles. Ce travail d’ouverture est d’autant plus exigeant que l’Église doit parfois remettre en question certaines positions prises en son nom par le passé. Il est néanmoins encourageant de se rappeler qu’une telle démarche a déjà été effectuée lors des sixième et septième conciles œcuméniques.

L’orthodoxie, au-delà de signifier une appartenance confessionnelle, appelle ainsi à une conversion permanente de chaque personne et de chaque Église à la foi authentique en Christ ressuscité.

Daniel Lossky

Daniel Lossky est enseignant de religion orthodoxe dans les écoles secondaires à Bruxelles, en Belgique, et secrétaire général de la Fraternité orthodoxe en Europe occidentale.

Pour approfondir, retrouvez l’intégralité de cette présentation ici.

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