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Noël, une fête qui dure huit jours

Photo : P. Yannick Provost

Nous avons célébré, par la grâce de Dieu, la fête de la Nativité du Seigneur. À nos oreilles résonnent encore les cantiques de joie et les lectures sacrées de cette grande fête. La célébration magnifique de ce mystère extraordinaire nous a transportés, encore une fois, à la sainte grotte de Bethléem, de la ville de Judée, là où le Christ naît d’une Vierge, là où les bergers adorent et les Mages offrent leurs cadeaux royaux. Là où Celui qui n’a pas de commencement entre dans le temps et où le Verbe prend chair. Là où, pour la première fois, ont retenti les louanges angéliques qui signalent le lever du Soleil du jour nouveau, l’apparition du Soleil de Justice. (…) Le Christ naît encore une fois aujourd’hui, comme Il est né autrefois, le même jour, pendant les siècles écoulés, comme Il naîtra jusqu’à la consommation des siècles, comme Il est né la nuit sacrée de Noël de la première année de l’ère chrétienne. Dans ce cadre-là, on se rend compte comment Jésus-Christ est le même hier et aujourd’hui, Il le sera à jamais ; comment l’Église est Son Corps, éternel et exempt de vieillesse comme Lui ; comment chacun de nous n’est pas isolé, mais est membre de la communauté sainte de ceux qui ont été régénérés en Christ, communauté d’où est absente la corruption, et où le temps, hier, aujourd’hui et demain, n’existe plus, mais est un aujourd’hui éternel et incorruptible, cet aujourd’hui que les générations des fidèles vivent et dont jouissent ceux qui ont été baptisés en Christ et ont revêtu le Christ. (…)

De Noël à la Théophanie : personnes et évènements commémorés

La grande fête de la Nativité se prolonge pendant sept jours ; le 26 décembre est célébrée la synaxe en l’honneur de la Très Sainte Mère de Dieu, la Mère du Christ, et nous nous remémorons la fuite en Égypte de la sainte Famille ; le 29 décembre, on fête la mémoire des saints Enfants massacrés par Hérode ; quant au dimanche qui tombe pendant cette période, le Dimanche après la Nativité, il est consacré à saint Joseph, le fiancé de la Vierge, à saint Jacques, le frère du Seigneur selon la chair, car il était un fils d’un premier mariage de saint Joseph, et au roi David, leur commun ancêtre. Pendant toute cette période de sept jours, les hymnes de Noël s’entremêlent à la mémoire des saints du jour et tout l’office de la fête est répété le jour de sa clôture, le 31 décembre. Quant à la fête de la Circoncision du Christ, selon la loi mosaïque, que nous célébrons le 1er janvier, le huitième jour donc après la Nativité, elle est parallèle au dimanche de Thomas. L’apparition du Seigneur à Thomas contribue à constater, à confirmer l’événement de la Résurrection des morts du Seigneur – événement qui transcende toute compréhension humaine – par le disciple le plus incrédule et le plus récalcitrant. De même, la Circoncision, huit jours après la Naissance de Jésus, et l’imposition du Nom, constituent l’attestation, le sceau qui authentifie la parfaite Incarnation, le sceau montrant qu’il a assumé de façon immuable la nature humaine ; la confirmation de la réalité de l’Incarnation admirable du Verbe de Dieu et de Son intégration, moyennant le signe de la Circoncision, dans le peuple de Dieu ainsi que Sa soumission à la Loi. (…) 

La période festive se poursuit : la fête de la Théophanie de notre Seigneur Jésus-Christ est intercalée, avec son avant-fête et son après-fête, cette dernière se prolongeant jusqu’au 14 janvier pour donner place à partir du lendemain, le 15 janvier, à une nouvelle période d’avant-fête introduisant, quarante jours après la Nativité, la fête de l’Hypapante (la Sainte Rencontre), le 2 février. Cette fête marque la clôture des fêtes de la Nativité, son octave, d’une certaine manière, parallèlement à ce qui se passe quarante jours après le jour de Pâques, avec la fête de l’Ascension du Christ. Lors de la Sainte Rencontre, le Christ, petit enfant de quarante jours, pénètre dans Son Temple, dans le ciel terrestre. Là Il sera accueilli et reconnu par la bouche du juste Syméon et de la prophétesse Anne, manifestant la prophétie de l’Ancien Testament. Syméon demande sa délivrance, car Celui qui était l’objet de la prophétie, l’objet de l’attente, est venu lumière pour éclairer les nations et gloire de Son peuple, de l’ancien et du nouvel Israël. (…)

Noël : le lien entre Ancien et Nouveau Testament

Revenons au thème du Dimanche après la Nativité. Dans les trois figures qui y sont célébrées sont comme condensés les thèmes de la période d’avant-fête et de celle de l’après-fête de la Nativité. David est le chef de la dynastie royale des Juifs, de laquelle est issu le Christ selon la chair. Celui qui a reçu la promesse prophétique : J’établirai sur ton trône le fruit de ton sein. C’est lui la racine de Jessé de laquelle, comme d’un rameau desséché – la toujours Vierge Marie – s’est levé le Christ, telle une fleur, Lui le Roi et le chefl’attente des nations. Joseph, le fiancé, est honoré, car il a été jugé digne de devenir le gardien et le protecteur de la Vierge Marie et de servir fidèlement le dessein de Dieu, assurant à Marie et au nouveau-né, Jésus, la défense et la sollicitude dont ils avaient besoin. Il est le lien entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Il a vu de ses propres yeux l’accomplissement des prophéties et entendu les voix angéliques qui attestaient la venue du Messie. Quant à Jacques, le frère du Seigneur et premier évêque de Jérusalem, il est célébré en tant que témoin de la Nativité du Christ et héraut de l’Incarnation, jusqu’à verser son sang. (…)  

La fête de la Nativité est, par excellence, la fête de la prophétie de l’Ancien Testament. Elle se situe au milieu des deux Testaments. L’Ancien Testament prédit et prépare la venue du Christ et aboutit à Sa naissance ; le Nouveau commence avec le jour de l’Incarnation. C’est le jour du Seigneur, grand et redoutable, comme le dit le prophète Joël. Dieu a produit au ciel et sur la terre des prodiges dépassant la nature : sang, feu, nuage de fumée. Les prophètes de l’Ancien Testament ont été des spectateurs et des témoins de ces prodiges, ayant David comme chef de chœur, et les hommes sacrés de la Nouvelle Alliance, ayant comme chefs de file les deux membres de la sainte Famille, Joseph le fiancé et Jacques le frère du Seigneur ; ils sont tous venus célébrer, avec le peuple de Dieu, l’accomplissement des prophéties, le mystère sublime de la divine Incarnation, la solution et le dévoilement des paroles énigmatiques du prophète : le sang, c’est celui de l’Incarnation du Verbe, le feu, c’est la divinité, le nuage de fumée, le Saint-Esprit.  

Jean Foundoulis (+)

Jean Foundoulis (1927-2007), marié et père de trois enfants, a écrit de nombreux livres et articles sur les questions liturgiques. Il a été professeur à l’université Aristote de Thessalonique et directeur de l’Institut patriarcal des études patristiques à Thessalonique.

Source : Extrait des Catéchèses liturgiques publiées par les éditions Apostolia en 2019.

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