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Louez Dieu dans ses Saints

Lorsqu’il fut transporté en esprit devant le trône de Dieu préparé pour le jugement de toute chose à la fin des temps, l’Apôtre saint Jean dit : Puis j’entendis comme lα voix d’une foule nombreuse et comme lα voix de grandes eaux et comme lα voix de puissants tonnerres qui disaient : Alléluia, car le Seigneur, notre Dieu le Tout-Puissant, α pris possession de lα royauté. Réjouissons-nous, soyons dans l’allégresse et rendons lui gloire, car les noces de l’Agneau sont venues, son Épouse est parée, et il lui α été donné de se vêtir de lin fin d’une blancheur éclatante – le lin fin, ce sont les œuvres des saints (Apocalypse 19, 6-10). Ce n’est pas seulement à l’aube de la Résurrection que cela arrivera, mais c’est aussi dès aujourd’hui que la sainte Église, l’Épouse du Christ, s’est revêtue comme de pourpre et de lin fin du sang des martyrs, des larmes des ascètes, de la tempérance des vierges, de la proclamation des apôtres, des écrits des docteurs, de la miséricorde des justes… de toutes les vertus et de toutes les grâces que le Saint-Esprit a fait éclore dans les saints en tout temps et en tout lieu. Qui pourrait dénombrer cette nuée de témoins qui nous entoure ? Qui pourrait nommer chacun de ces vivants qui avec le Christ, par le Christ, dans le Christ ont triomphé de la mort et ont trouvé accès auprès du trône de Dieu ; en qui Dieu se réjouit et trouve son repos ?

Les milliers de saints que l’on trouve commémorés dans tous les synaxaires et martyrologes d’Orient et d’Occident, ne représentent qu’une petite partie de cette grande assemblée. Ce sont les saints qui ont fait l’objet d’un culte public. Mais combien plus nombreux sont ceux qui cachèrent Dieu dans le secret de leur cœur, en restant humblement ignorés de tous et protégés de la vaine gloire des hommes là où le Seigneur les avait placés. De tous temps, de toutes régions, de toutes conditions : patriarches, prophètes, apôtres, martyrs, confesseurs, évêques, prêtres, diacres, moines et vierges, hommes et femmes, enfants et vieillards, pauvres et riches, princes, prostituées et brigands… ils ont par amour de Dieu et dans les souffrances volontaires fait éclore en notre nature humaine les fleurs variées de la Grâce du Saint-Esprit. 

Par son Incarnation et en unissant à sa Personne divine notre nature humaine mortelle et pécheresse, le Seigneur Jésus Christ nous a ouvert les Cieux et nous appelle à y monter à sa suite, lorsque nous aurons manifesté la gloire de sa divinité dans notre vie et dans les conditions où il nous a placé. C’est tout chrétien qui, dans le Christ et par le Christ, est appelé à la sainteté : Soyez saints, car Je suis saint, disait déjà le Seigneur dans la Loi ancienne. C’est tout chrétien qui, né à la vie nouvelle de l’Esprit par le baptême, est appelé à l’accomplissement de la vocation d’Adam : Faire régner en ce monde la gloire de Dieu. Voilà pourquoi, il n’est pas un endroit du monde qui ne doit être aspergé du sang des martyrs, baigné des larmes des moines, οu qui ne doit résonner de la prédication de la Bonne-Nouvelle. C’est en tout temps et en tout lieu que s’est élevée, que s’élève et que s’élèvera la prière des saints pour le salut du monde. Car, selon le témoignage des premiers Pères, c’est par la prière des chrétiens que le monde peut subsister (Épître à Diognète). 

Mais jusqu’ à ce jour, la maison de Dieu est encore en cours d’édification. Le Seigneur patiente et temporise en attendant que tous les saints entrent dans la construction comme pierres vivantes, adhérant chacun à son tour au Christ, la Pierre d’angle, selon la grâce et les qualités qui lui ont été données. Les saints sont tout à la fois un et multiples, et chacun participe de manière unique et irremplaçable à la constitution du Corps du Christ, comme autant de membres. Ils sont encore comme l’or et les pierreries qui ornent la robe de l’Épouse, laquelle se tient comme la Reine à la droite du Seigneur, en vêtements tissés d’or, parée de couleurs variées. Semblables au diamant et aux pierres précieuses, ils renvoient partout en des rayons multicolores l’unique lumière du triple Soleil. Mais pour être ainsi pénétrés de lumière, il a fallu auparavant qu’ils soient taillés, ciselés, dégagés de la matière et de ses impuretés par le ciseau et le marteau des souffrances, des persécutions, des afflictions de toutes sortes ; qu’ils passent, comme l’or encore grossier, dans la fournaise des tentations, afin d’être affinés et de servir de dignes joyaux sur la robe de l’Église-Épouse. 

Unis au Christ par la foi et la grâce, les saints accomplissent les œuvres du Christ. En habitant en eux par le Saint-Esprit, c’est le Christ lui-même qui par eux fait des miracles, convertit les païens, enseigne les secrets de la science spirituelle, réconcilie les ennemis et donne à leur corps la force d’affronter avec joie les plus horribles tortures ; de sorte que l’Évangile ne cesse d’être écrit jusqu’à aujourd’hui par les œuvres évangéliques des saints. Voilà pourquoi les saints proches et lointains, anciens et nouveaux, nous sont des guides sûrs pour trouver le Christ qui habite en eux. Devenez mes imitateurs, tout comme je le suis moi-même du Christ, nous disent-ils avec saint Paul. Si nous voulons faire resplendir en nous 1’image du Christ, il nous faut donc regarder souvent vers les saints pour avoir des exemples historiques, vécus, pratiques de la manière à suivre. Le peintre qui désire faire le portrait d’une personne qu’il ne voit pas corporellement, se sert d’autres reproductions, les regarde attentivement, les compare pour s’en inspirer ; de même, il nous faut regarder vers les saints, lire leurs vies, les comparer, pour savoir comment progresser dans la vie en Christ. 

Tout comme eux, nous n’avons que notre faiblesse à offrir au Seigneur. C’est Lui qui agit et nous donne la victoire. Ceux qui sont prisonniers de la vaine gloire de ce monde mettent tout leur soin, nous dit saint Jean Chrysostome, à orner leur demeure de fresques, de peintures et d’objets précieux, de même, en lisant la vie des saints, il nous faut, nous les fils de la Résurrection, orner la maison de notre âme par le souvenir de leurs souffrances et de leurs exploits, afin de la préparer à recevoir le Christ et être à jamais la demeure du Roi du Ciel. 

Hiéromoine Macaire de Simonos Pétra

Extrait de l’introduction au Synaxaire 

Le hiéromoine Macaire, du monastère de Simonos Pétra (Mont-Athos), est l’auteur du Synaxaire français en six volume, ainsi que d’une étude sur le Triode : Mystagogie du Grand-Carême, essai de théologie du temps liturgique, aux éditions Apostolia.

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