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Le Christ présenté au Temple : la rencontre des deux Alliances

Photo: Xénia Cr.

Quarante jours après la Naissance du Christ, nous fêtons la Sainte Rencontre, appelée encore Présentation de Jésus au Temple. Cette fête fait partie du mystère de l’Incarnation du Fils Unique de Dieu et s’appuie sur l’évangile de Luc, au chapitre 2. On pourrait se poser la question : Jésus, Verbe de Dieu, avait-Il besoin d’être présenté au Temple ?

Jésus se soumet à la Loi de Moise

Celui qui est l’Auteur de la Loi – de la Torah, qui signifie instruction, enseignement, conduite à tenir selon le projet de Dieu – vient accomplir la Loi d’une manière divine, c’est-à-dire toujours nouvelle. La présentation de Jésus au Temple met en évidence l’obéissance de Jésus aux préceptes de la Loi de Moïse qui exige que tout premier né soit consacré au Seigneur (Ex 13,12.15), et que toute jeune accouchée présente une offrande au Temple après quarante jours. « C’est un rite d’expiation et elle sera purifiée de son sang », nous dit l’Écriture (Lv 12, 2-4.6-8).

L’Église nous donne à lire plusieurs textes lors des vêpres de la fête pour manifester le fondement du récit évangélique et l’unité des deux testaments. À savoir l’accomplissement de la Loi (ce qui signifie qu’elle est bonne, puisque le Christ Lui-même la respecte), le salut des païens (c’est-à-dire de ceux qui ne respectaient pas la Loi de Moïse), et l’identification de ce nouveau-né au Dieu d’Israël, manière discrète qu’a l’Église de témoigner du Christ vrai homme et vrai Dieu. Si le Fils éternel venu en la chair n’avait pas observé la Loi de Dieu, son Père, donnée à Moïse, II ne serait pas venu au Temple pour accomplir ce rituel, et la Rencontre avec les deux saints vieillards n’aurait pas pu avoir lieu. 

L’évangile va dans le même sens, puisqu’il parle de « purification ». Le Christ, parfait en tout, avait-Il donc besoin d’être purifié ? L’office liturgique répond à cela en disant :

« Par les mains de Joseph, Il présente des offrandes dignes de Dieu, c’est-à-dire une paire de tourterelles symbole de l’Église sans tache, et du peuple nouveau, choisi parmi les nations, et deux petits de colombes en signe de ce qu’Il est le chef de l’Ancienne et de la Nouvelle Alliance » .

(apostiches des vêpres)

Ce qui fait dire à Vladimir Lossky : « Deux tourterelles ou deux jeunes colombes. Ces oiseaux symbolisant l’Église d’Israël et celle des gentils, ainsi que les deux Testaments, dont le Christ est l’unique Tête ». Ce que le 15ème mégalynaire de la fête confirme : « Maintenant, prends-moi qui ai vieilli dans l’observation aimante de ta Loi et suis devenu le messager de ta Grâce ». L’observance amoureuse de la loi de Dieu permet à Syméon de devenir messager de sa grâce. Cela nous indique qu’il n’est pas opportun de les séparer, mais au contraire il est bon de les unir, car il s’agit pour Jésus, d’être le dispensateur de la grâce du salut, dans l’accomplissement même des préceptes de la Loi. Une nouveauté s’opère dans l’accomplissement du même rite. Non plus sacrifice expiatoire, mais sacrifice d’action de grâce. C’est la raison pour laquelle il n’y a pas besoin d’agneau car le voici, « l’Agneau de Dieu ».

La Rencontre

Cependant, l’Église met l’accent sur le thème de la présentation et de la rencontre. Présentation car l’évangile (2,22) dit que Jésus est présenté, en grec paristemi, verbe qui est souvent employé dans le livre du Deutéronome à propos des prêtres qui se tiennent devant Dieu pour offrir le sacrifice. Car ici ce premier-né est à la fois l’offrande et le prêtre, si largement évoqué par la lecture de l’épître aux Hébreux de la fête. Rencontre entre le Messie et ceux qui l’attendent depuis si longtemps, entre l’Enfant, Fils de Dieu fait homme, et son peuple, représenté par deux saints vieillards : Syméon et Anne. Rencontre qui marque le lien entre les deux Alliances, devant l’autel du sacrifice, dans la joie grave de l’accomplissement des promesses.

Ils sont les deux premiers personnages en Luc qui n’ont aucune généalogie. Syméon est le ministre de la consécration de l’Enfant ainsi que le premier bénéficiaire et messager de la bonne nouvelle : « J’ai vu, devenu petit enfant, le Dieu éternel et Sauveur du monde » (apostiches des vêpres). Il exulte de joie non seulement du fait d’avoir été exaucé personnellement en ne voyant pas la mort avant d’avoir vu le Messie du Seigneur, mais aussi d’avoir constaté que l’attente de tout Israël est enfin comblée. Anne a reçu une annonce en esprit, au sujet de Celui qui vient pour délivrer son peuple. Sur les icônes elle tient souvent un parchemin déroulé sur lequel on peut lire : « Cet enfant a affermi le ciel et la terre. » Et du doigt elle désigne le « Libérateur de Jérusalem ».

Cette double Rencontre est vraiment sainte, toute entière baignée par l’Esprit. Elle se fait au Temple, le lieu de l’alliance, là où les pieux attendent, dans le jeûne et la prière, le Salut préparé par Dieu pour son peuple et pour toutes les nations. Car ils savent que les prophéties sont en train d’advenir, eux qui ruminent la Parole jour et nuit : « Je fais de toi la lumière des nations pour être mon salut jusqu’aux extrémités de la terre » (Is 49,6). Ils savent par l’Esprit que cet Enfant est, comme le dit l’exapostilaire, « la révélation destinée aux nations et le salut d’Israël ».

Sandrine Caneri

Sandrine Caneri est bibliste et spécialiste du dialogue entre juifs et chrétiens orthodoxes. Elle enseigne à l’Institut de Théologique orthodoxe Saint-Serge, à Paris.

Pour approfondir :

Une vidéo ici sur le sens de la fête.

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