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Goldwyn : itinéraire d’un Zimbabwéen vers l’Église orthodoxe

Afrique du Sud. 2013. Sur les bancs de la paroisse orthodoxe du Cap, à la pointe sud-ouest du pays, s’alignent en majorité des personnes d’origine grecque, de l’île de Lesbos. S’y rencontrent aussi quelques Russes, Serbes, Roumains, Français, venus prier dans la communauté orthodoxe locale, qui sait les accueillir grâce à l’esprit d’ouverture qui y règne. L’assemblée dominicale est à dominante blanche, mais on remarque aussi quelques visages noirs disséminés dans la foule. Parmi eux, Goldwyn, étudiant de vingt-six ans en institut technique, originaire du Zimbabwe. Ce jeune homme fluet à l’expression avenante est présent à chaque liturgie, le nez dans son livret bilingue grec-anglais. Goldwyn raconte volontiers son voyage vers l’orthodoxie.

Issu d’une famille pentecôtiste, Goldwyn a toujours fréquenté le temple. Vers l’âge de vingt ans, il ressent une très forte soif de trouver Dieu. Il partage avec un ami d’école cette quête fervente, qu’il dit avoir été éveillée par le Pentecôtisme. Les deux amis ont cependant le sentiment de ne pas parvenir à incarner de façon concrète l’Évangile dans leur vie. Ils éprouvent pour ce faire le besoin de s’ancrer dans une Tradition, ce que ne leur donne pas le Pentecôtisme, pour eux trop  subordonné à l’affectif, à la subjectivité de chacun. 

Tous deux décident alors d’effectuer une retraite de cinq jours, dans une grotte sauvage au milieu de la montagne, pour y prier et y lire la Bible, espérant ainsi y voir plus clair dans la direction à prendre. Goldwyn est venu avec une pile de livres sous le bras, parmi lesquels un recueil catholique de vies des saints. « Pourquoi ne pas chercher l’inspiration auprès de personnes qui ont ressenti cette même soif de Dieu que nous ? » propose-t-il à son ami. Ils se mettent alors à lire la vie des saints. Celle de saint Macaire d’Égypte les fait tomber en arrêt : « Voilà exactement ce que nous cherchons ! ». Le moine égyptien, par les balises qu’il propose dans l’itinéraire vers Dieu sur le socle de sa propre expérience, les touche au cœur.  

De retour chez eux, les deux amis se mettent à fréquenter la paroisse catholique de leur ville. Ils y rencontrent un vieil homme qui les guide dans leurs lectures. « Vous devez devenir jésuites », assure-t-il devant la curiosité insatiable dont font preuve les deux amis. Il ne leur propose néanmoins à lire que des ouvrages récents, alors que Goldwyn et son ami brûlent de mettre la main sur les écrits des Pères de l’Église ancienne. Dans un livre anglican, ils découvrent de larges extraits de saint Jean Cassien. Interpellés par les écrits sur la prière, leur quête se précise : il leur faut trouver l’intégralité de la règle écrite par cet abbé marseillais. 

C’est grâce à la bibliothèque anglicane locale qu’ils parviennent à leurs fins. Ils tentent alors d’appliquer la règle monastique de saint Jean Cassien dans leur vie quotidienne – non sans mal. « Qui vit encore ainsi aujourd’hui ? » se demandent-ils. Ils découvrent alors l’existence des monastères. Un coup de téléphone au monastère copte Saint-Macaire, en Égypte, n’apporte rien de concluant. Ils font une demande de bourse pour partir étudier en Égypte et approcher ainsi de plus près les communautés du désert, mais la demande échoue. Ils se tournent alors vers la Russie. 

Cette quête d’un mode de vie selon Dieu les occupe tant qu’ils interrompent leurs études. « Si nous ne trouvons pas ce que nous cherchons, le reste n’a pas de sens !» affirment-ils à leur entourage, inquiet. L’ami de Goldwyn obtient, seul, une bourse pour la Russie. Goldwyn, déçu au départ de ne pouvoir accompagner son ami, finit par accepter une proposition pour aller étudier en Afrique du Sud. Arrivé au Cap, il se met à fréquenter la paroisse grecque orthodoxe. Le père Nicolas, prêtre du lieu, sensible à sa quête, l’oriente vers des paroissiennes susceptibles de répondre à ses nombreuses questions. Accompagné par l’une d’elle, Macrina – une sud-africaine chrismée en France par le Père Boris Bobrinskoy – il va découvrir toute la richesse de la Tradition orthodoxe, tandis que son ami se fait baptiser en Russie dans un monastère féminin de Moscou. 

Goldwyn rencontre aussi le père Zacharias, un prêtre sud-africain qui célèbre en afrikaans dans une petite église au milieu des montagnes du Cap-Occidental. C’est là que le jeune Zimbaw décide de se faire baptiser. « Mon ami et moi avons eu le sentiment de trouver une Tradition solide, dont la transmission à travers les siècles atteste l’authenticité. Une Tradition qui nous permet d’incarner aujourd’hui notre foi en Dieu et qui répond à nos questions.» 

Les deux amis ont aussi découvert, à travers leurs rencontres et leurs expériences, que la voie monastique n’est pas l’unique moyen de marcher à la suite du Christ. Goldwyn n’est pas un adepte du byzantin et ne comprend pas un mot de grec. Il a aussi mis du temps à entrer dans la vénération des icônes ; aujourd’hui cependant il dit avoir trouvé dans la vie liturgique locale, au-delà de cette particularité ethnique grecque qui n’est pas la sienne, la nourriture essentielle qu’il a tant cherchée. Il espère sincèrement que son enthousiasme ne durera pas qu’un moment et qu’il pourra trouver la voie qui lui permettra de témoigner le mieux en Afrique de la grâce qu’il a reçue.

Les Chroniques du Sycomore

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