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Quelques conseils au seuil du Carême

Le dimanche qui vient s’appelle « l’exil d’Adam ». Adam et Ève sont expulsés du Paradis pour avoir désobéi. Par leur chute, notre nature humaine que Dieu a créée « bonne » est viciée : elle est portée au péché. Cependant, elle n’est pas privée de la liberté qui nous permet de ne pas succomber au péché. Il nous faut comprendre qu’Adam et Ève, c’est nous, chaque fois que nous péchons. C’est pourquoi, dans notre hymnographie, nous regardons le Paradis dont nous  avons été chassés et nous nous adressons à lui comme à une personne. Nous prions pour y être à nouveau admis. 

Pour ce faire, l’Évangile de ce dimanche nous dit ce qu’il faut faire avant tout. La toute première chose, c’est de nous pardonner les uns aux autres. Si nous ne le faisons pas, le Christ nous dit que notre Père ne nous remettra pas nos dettes. Ce n’est pas pour rien que ce dimanche s’appelle aussi « Dimanche du Pardon » et qu’au soir du dimanche du Pardon, lors des Vêpres, nous nous demandons pardon les uns aux autres. Il nous faut prendre cela au sérieux : il ne s’agit pas d’un simple « rite ».

En second lieu, l’Évangile nous dit comment il nous faut jeûner : secrètement et non pas pour que tout le monde puisse constater que nous jeûnons. Seul notre Père doit le voir. Et cela signifie que chacun est appelé à jeûner selon ses forces. Le canon du jeûne est un modèle idéal, mais chacun doit faire ce qui est possible. Le Métropolite Antoine (Bloom) disait que, pour travailler, il faut des forces, tout comme une automobile a besoin de carburant pour rouler. Et n’oublions jamais que le jeûne doit nous aider à « amasser des trésors au ciel […] car là où est notre trésor, là sera aussi notre cœur » (Mt 6, 20-21).

St Paul, quant à lui, nous rappelle l’urgence de la nécessité de nous convertir : le temps presse car plus nous avançons dans la vie, plus le salut, c’est-à-dire le jugement, est proche. Et la conversion commence par le fait de ne pas juger notre prochain dans sa façon de jeûner, de ne pas vouloir démontrer au faible que j’ai raison, d’être accueillant « sans vouloir discuter des opinions » (Rm 14,1). Notre jeûne devrait être essentiellement l’effort d’aimer notre prochain, de ne pas le juger, de pardonner pour être nous-mêmes pardonnés.

Nous sommes appelés à « nous revêtir de Notre Seigneur Jésus Christ » (Ga 3,27). L’épître aux Hébreux nous dit de « fixer nos yeux sur le chef de notre foi, qui la mène à la perfection, Jésus » (Hb 12,2). Il a été crucifié et Il est assis à la droite du Père. Nous aussi sommes invités à passer par la Croix parce que nous sommes « traités en fils » et que nous sommes invités à subir notre crucifixion « pour notre bien », afin de participer à la Sainteté du Christ. Acceptons notre carême comme notre passage par la Croix, avec l’aide de Dieu.

Adaptation d’une homélie prononcée en 2008 à la paroisse Notre-Dame-Joie-des-Affligés-Sainte-Geneviève, à Paris.

P. Nicolas Lossky

Le p. Nicolas Lossky (1929-2017) fut professeur de civilisation britannique à Paris X – Nanterre, professeur d’histoire de l’Église occidentale à l’Institut Saint-Serge et membre actif au Conseil Oecuménique des Églises.

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