Appuyez sur “Entrée” pour passer au contenu

La Dormition de la Toute-Sainte Mère de Dieu

Dormition, or Death, of the Virgin, surrounded by the Apostles, fresco, 1212, reign of Theodore I Lascaris, Emperor of Nicea, Karsi Kilise, Church of Saint John, Gulsehir, Cappadocia Photo Credit: [ The Art Archive / Gianni Dagli Orti ]

Cette fête commémore la fin du parcours terrestre de la Mère de Dieu, son accès au ciel, ou transfert, trépas (metastasisprestavlenie), des mots qui expriment moins un arrêt définitif que plutôt un passage. L’événement n’est pas raconté dans les Évangiles, car ceux-ci sont centrés sur la vie du Christ, sa Résurrection et son œuvre de salut accomplie pour l’être humain. Les Évangiles ont été composés progressivement par les Apôtres et quelques-uns de leurs successeurs, qui déjà constituaient la toute première communauté chrétienne et qui ont commencé à fixer par écrit les traditions orales concernant surtout le Christ : voilà comment se sont constitués les Évangiles et tout le Nouveau Testament. Mais des traditions concernant la Mère de Dieu ont aussi circulé parmi les tout premiers chrétiens, sous forme de récits d’abord oraux, puis rassemblés dans des écrits moins anciens que les Évangiles, et enfin des Pères de l’Église nous en ont livré l’essentiel dans des homélies. Ces mêmes traditions ont aussi inspiré les icônes et les textes liturgiques des fêtes, comme c’est le cas ici pour celle du 15 (ou 28) août (voir par exemple l’Homélie 3 sur la Dormition de la Toute Sainte Mère de Dieu, de Saint Jean Damascène, 8e siècle ; coll. Sources chrétiennes n° 80).

Avant de quitter notre monde, la Mère de Dieu a donc voulu rassembler les apôtres et leur a demandé de l’ensevelir après son départ. Les apôtres sont arrivés miraculeusement à Gethsémani, près de Jérusalem, le lieu où la Toute Sainte a été déposée dans un tombeau. C’est ce que l’on voit sur l’icône de la fête : le corps de la Mère de Dieu repose, tandis que le Christ vient prendre son âme, représentée sous les traits d’un enfant nouveau-né, emmailloté de bandelettes, pour montrer que c’est ici le tout début d’une vie nouvelle, d’une vie en Dieu qui a été préparée sur cette terre.

Trois jours après sa mise au tombeau, selon la tradition, les apôtres ont à nouveau ouvert le tombeau et l’ont trouvé vide. Cette fête s’appelle aussi Assomption, car le Christ après avoir laissé mourir sa sainte Mère comme les autres humains, l’a rapidement transférée au ciel. Ainsi, la Mère de Dieu est la première créature humaine à bénéficier jusqu’au bout de tous les bienfaits de la Résurrection de son Fils et Dieu, et à rejoindre au plus près la gloire de Dieu. On ne connaît pas en effet sur terre de reliques corporelles de la Toute Sainte, mais uniquement des fragments de ses vêtements, ce que l’on appelle des reliques par contact, également miraculeuses. La Mère de Dieu est donc passée brièvement par la mort, mais son corps n’est pas resté au tombeau puisque les apôtres l’ont trouvé vide.

Le Christ a fait à sa sainte Mère, elle qui Lui a permis de S’incarner pour venir sauver le genre humain, un grand cadeau : le Christ a octroyé à sa Mère d’être glorifiée avant les autres, au plus près de Lui, sans attendre la Résurrection finale, annoncée et promise à toute l’humanité. Ce n’est pas simplement pour la remercier, mais c’est aussi pour nous montrer, à nous les humains qui demeurons encore sur terre, le chemin et la destination promis à tout le genre humain, à savoir ressusciter et être glorifiés.

Il y a encore un autre grand cadeau que le Christ a offert à sa Mère, et qui nous concerne aussi. Comme à d’autres personnes glorifiées et qui font partie de la communion des saints, mais ici beaucoup plus, le Christ a octroyé à sa Mère un libre accès auprès de Lui, c’est-à-dire la possibilité de Le prier, de s’adresser à Lui pour Lui demander tout ce qui peut être utile à chacune et chacun de nous en vue de notre salut.

Dans l’histoire de l’Église, les miracles attribués à l’intercession, aux prières adressées par la Mère de Dieu à son Fils et Dieu, sont innombrables. Les textes liturgiques de la fête rappellent à plusieurs reprises que depuis que la Toute Sainte est transférée auprès de son Fils, ses prières pour toute l’humanité sont incessantes. L’Église recommande donc à ses fidèles d’adresser à la Mère de Dieu nos prières pour qu’elle demande à son Fils d’intervenir, car comme elle est au plus près de Lui, Dieu écoute ses demandes pour nous et par ses prières nous accorde ce que nous demandons et qui nous est profitable. Plus forte que nos prières, cette intercession de la Mère de Dieu auprès de son Fils est aussi celle de tous les saints qui ont été glorifiés après elle, car Dieu en a ainsi disposé : en S’incarnant et en ressuscitant, Dieu a voulu que tout le genre humain entre, à la suite de la Toute Sainte la première, dans cette communion des Saints à laquelle, par-delà ou malgré nos péchés, nous sommes tous appelés pour être aussi glorifiés et pour remercier Dieu sans cesse.

Père André Lossky

Le père André Lossky est liturgiste, spécialiste du typicon, professeur émérite de théologie liturgique à l’Institut Saint-Serge (Paris) et retraité de la fonction publique. Il dessert actuellement la paroisse orthodoxe d’Agen. Le texte ci-dessus a été publié sur le site de la paroisse de Toulouse le 14 août 2020.

Les commentaires sont désactivés.

Mission News Theme by Compete Themes.