Dans l’Evangile du jeune homme riche, nous lisons la tristesse du notable auquel le Christ enjoint de se débarrasser de ses richesses terrestres pour acquérir un trésor dans les cieux. Et Jésus dit combien il est difficile à un riche d’entrer dans le Royaume des cieux. Il est plus facile, selon Lui, pour un chameau de passer par le trou d’une aiguille que pour un riche d’entrer dans le Royaume des cieux. Il s’agit, bien entendu, du riche dont les richesses comptent plus que l’amour de Dieu et du prochain.
Or, Jésus cite à ce notable les commandements « négatifs » de l’Exode et du Deutéronome : « ne fais pas ceci, ni cela ». Le seul positif est « honore ton père et ta mère ». Et il apparaît que le notable respecte ces commandements. Mais il lui manque l’essentiel : l’amour pour autre chose que ses richesses.
Il est intéressant de remarquer que ceux qui ont entendu le dialogue, la foule, les disciples, les Apôtres, ont le sentiment que personne ne peut entrer dans le Royaume, ne peut être sauvé. Cela signifie que tous sentent bien que, d’une certaine façon, ils sont dans une certaine mesure comme le notable : ils confessent implicitement que l’essentiel leur manque. Et le Christ ne dit pas le contraire puisqu’Il répond ainsi à leur question : « Ce qui est impossible pour les hommes est possible pour Dieu ». C’est donc Dieu qui sauve et non le mérite des hommes. Aux Apôtres, en réponse à la question de Pierre, Jésus dit qu’il faut abandonner tout et tous, les plus chers. Or, nous savons que Pierre, par exemple, était marié puisqu’il a une belle-mère malade.
Le « premier appelé » des Apôtres que nous fêtons aujourd’hui, est André, le frère de Pierre. C’est lui qui appelle Pierre. Ensuite viennent Philippe et Nathanaël qui confesse le Christ comme « Fils de Dieu » parce que le Christ « l’a vu sous le figuier », c’est-à-dire en train de prier et d’attendre activement la venue du Messie. Nous voyons ici que c’est bien Dieu qui sauve et que grâce à Lui, comme le dit Saint Paul aux Ephésiens, nous sommes appelés à devenir des éléments, des « pierres » de la construction du Temple du Seigneur dont la pierre d’angle est le Christ Lui-même. Grâce à Lui, nous sommes appelés à devenir le temple du Saint Esprit.
Mais pour l’instant, il convient de nous souvenir que chacun d’entre nous, dans une mesure plus ou moins grande, est comme le notable, plus attaché à nos richesses qu’au principal des commandements : l’amour de Dieu, inséparable de l’amour du prochain. Nous voyons dans la parabole du Bon Samaritain qui est notre prochain. Et nous comprenons que c’est à nous de « faire de même » que le Bon Samaritain, ce prochain inattendu. Il y a beaucoup à faire en ce moment où, autour de nous, des êtres humains meurent de froid et de faim.
Par les prières de Saint André, de tous les Saints Apôtres et de tous les Saints, que Dieu, pour qui « tout est possible », nous accorde d’entrer dans le Royaume des Cieux par la Communion aux très Saints Mystères du Corps et du Sang du Christ « pour la rémission de nos péchés et la vie éternelle ». Amen
P. Nicolas Lossky (+)
Le p. Nicolas Lossky (1929-2017) fut professeur de civilisation britannique à Paris X – Nanterre, professeur d’histoire de l’Église occidentale à l’Institut Saint-Serge et membre actif au Conseil Oecuménique des Églises.
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