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De la nécessité d’une orthodoxie missionnaire

Photo : Xénia Cr

Tant les gens simples que les plus nantis, ceux qui nagent dans l’argent, le confort et les honneurs, sont confrontés tôt au tard à la question cruciale : que se passe-t-il après la mort ? À cette question, qui taraude tout homme sensé en tout lieu du monde, l’Église a la mission de répondre en dévoilant le mystère de la parole du Christ : Telle est la volonté de mon Père, que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle, et moi je le ressusciterai au dernier jour.

Ce que désirent pleinement nos frères de ces régions isolées de l’Afrique, de l’Asie, ou des marges de nos grandes cités riches occidentales, dans leur découragement et dans leur solitude, ce ne sont pas de vagues paroles de consolation, ni de petits dons matériels, ni des miettes de culture. Ce qu’ils désirent, secrètement et consciemment, c’est la dignité, l’espérance, le dépassement de la mort. Ils cherchent le Christ vivant, l’Homme parfait et Dieu, le chemin et la vérité et la vie. Tous les hommes, de tous âges, qu’ils soient pauvres ou riches, insignifiants ou connus, illettrés ou savants, cherchent à fêter la Résurrection et l’entrée de la vie au ciel. C’est là le point culminant de ce que peut offrir une mission sur les traces du Christ.

Il est urgent de dédier une journée – ou même une semaine – à la Mission, chaque année, dans les pays orthodoxes. On y insistera sur la conscience missionnaire du peuple orthodoxe, dans les homélies, dans la prière, etc… La prière devra être particulièrement encouragée ainsi que la contribution économique comme forme de sacrifice personnel.

a) Étant donné que sa mission est la continuation de l’œuvre du Seigneur sur la terre, le missionnaire doit accepter d’adopter le mode de vie de son Maître. Marcher dans les pas du Premier envoyé de Dieu, de Celui qui n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. Lui qui n’a pas revendiqué son droit d’être traité à l’égal de Dieu mais s’est dépouillé prenant la condition d’esclave ; devenant semblable aux hommes et reconnu à son aspect comme un homme, il s’est abaissé devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix. Comme Celui qui a habité parmi nous et nous a dévoilé sa gloire, le missionnaire est appelé à vivre au milieu du peuple et à manifester la gloire de Dieu et le mystère de l’Incarnation.

b) Pour que demeure toujours vivant le témoignage de la présence de notre Seigneur, le missionnaire doit se trouver sans cesse en relation avec Lui. Il ne doit pas seulement penser à Lui ou parler de Lui, mais il faut que le Christ vive en lui (Gal 2, 20). Ce qui induit une relation profonde avec l’homme dans son entier, et pas seulement avec son intelligence. Cette vie transformée en Christ est le trait caractéristique du missionnaire.

Notre Seigneur a défini l’œuvre missionnaire de ses disciples comme une continuation immédiate de son œuvre : Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde, a-t-il dit dans la prière sacerdotale. Et après la Résurrection, il a répété la même vérité à ses disciples : Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. C’est dans le cadre du Comme le Père… moi aussi… que nous devons rechercher non seulement le contenu mais aussi le moyen et la méthode de notre travail missionnaire.

Ainsi notre devoir est-il de tirer le meilleur parti de toutes les occasions et de toutes les possibilités que nous offre le monde d’aujourd’hui pour étendre le Royaume de Dieu. Mais il faut que nous agissions sans succomber à la tentation de l’activité superficielle. Notre souci premier doit être non pas de savoir ce que nous allons faire, mais comment nous serons un témoignage vivant de la présence du Christ dans le monde. […]

Le but de la mission n’est pas la conquête du monde ni la création d’un État chrétien qui aurait un pouvoir de contrôle universel, mais la transmission de la Parole et de la grâce de Dieu dans l’Esprit Saint, la Révélation de Sa gloire dévoilée en Christ et que nous attendons. Ce n’est pas l’accroissement d’une Église organisée, mais une diaconie offerte au monde, en toute humilité, pour son salut, c’est la manifestation de Dieu qui est Amour.

Archevêque Anastase de Tirana, Durrës et de toute l’Albanie

L’archevêque Anastase (Yannoulatos) a mené une activité missionnaire majeure, tant au sein de l’Église de Grèce qu’à l’étranger, notamment en Afrique. Archevêque d’Albanie depuis 1992, il s’est pleinement investi dans la reconstruction de l’Église autocéphale d’Albanie. Docteur en théologie, il est l’auteur de nombreux livres.

Source : Extraits du livre Mission, Sur les traces du Christ (Éditions Apostolia, Limours, 2021). Publiés avec l’aimable autorisation de l’éditeur.

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