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Pourquoi la catéchèse ?

Photo : Xénia Cr.

Qu’est-ce qui distingue la catéchèse de la multitude des activités proposées aux enfants ? Entre l’école qui joue naturellement un rôle essentiel dans l’emploi du temps de l’enfant, et les activités dites extra-scolaires (le sport, la musique, la danse, la peinture etc.), quelle place accorder à la catéchèse, quel temps lui accorder et pourquoi ?

Apprendre à consacrer notre vie à Dieu

Un premier élément de réponse serait d’affirmer que la catéchèse nous parle de Dieu et qu’il est essentiel que Dieu occupe une place prioritaire dans la hiérarchie de nos activités, y compris celles de nos enfants. En ce sens, le simple fait que la catéchèse soit un temps consacré à Dieu devrait suffire pour qu’on lui accorde toute notre attention et tout notre sérieux.

Il est en effet primordial d’habituer les enfants à réserver un temps personnel et totalement dédié au Seigneur, à leur faire comprendre que le Créateur du monde et le Père de tous les hommes les appelle à une relation personnelle, qui nécessite respect et concentration.

Une telle réponse présente cependant un certain risque, celui de dissocier la catéchèse du coeur de la vie de tous les jours, de créer une séparation entre le temps pour Dieu et le reste de l’existence, et d’encourir ainsi le danger de déprécier les activités non reliées à la foi. Affirmer ainsi que « la réussite en classe est secondaire par rapport à une bonne connaissance de la Bible » ou dire à un garçon passionné de football que « le sport, c est quand même bien moins important que le caté…» peut se révéler difficile à comprendre pour l’enfant.

Mettre le Christ au centre de nos activités

Une autre clé de réponse proviendrait alors d’une vision qui ne se fonde pas sur une opposition entre Dieu et le reste de notre vie (de type « sacré/profane ») mais au contraire sur l’affirmation de l’unité entre les moments consacrés à Dieu et le temps quotidien. On pourrait ainsi envisager le Christ comme le centre unique de plusieurs cercles concentriques qui sont autant d’occupations de la vie de tous les jours et qui prennent justement leur sens et leur valeur grâce à ce centre unique. Le Christ ne nous invite-t-Il pas à bâtir notre maison sur le roc ? « La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont déchaînés contre cette maison, et la maison ne s’est pas écroulée, car elle était fondée sur le roc » (Mt 7,25). Dans cette perspective, accorder de l’importance à la catéchèse revient à contribuer à la construction de ce roc, fondement et pivot de l’ensemble de l’emploi du temps des enfants.

Le lien entre catéchèse et baptême peut en ce sens être éclairant. Pour les premiers chrétiens, la catéchèse s’adressait essentiellement aux adultes et constituait un moment privilégié de préparation au baptême, acte par lequel la vie du croyant était transformée pour se recentrer totalement sur le Christ. Aujourd’hui, la plupart des chrétiens remettent les enfants dès leur plus jeune âge entre les mains de Dieu, afin de les faire participer au plus tôt à la vie du Christ ressuscité.

Ancrer son appartenance à l’Église librement et progressivement

Dès lors, la catéchèse vient confirmer le choix des parents de baptiser leur enfant. Au même titre que la participation aux sacrements et à la vie de l’Église, elle actualise le don du baptême, elle jette les bases d’une adhésion personnelle, mûrie et adulte, en offrant à l’enfant tous les moyens d’accepter le choix de ses parents. L’enfant peut ainsi ancrer son appartenance à la famille chrétienne librement et progressivement selon plusieurs axes :

  • dans une société où la notion de Dieu est globalement absente, l’enfant apprend, par l’histoire du salut et la vie des saints, que Dieu se révèle aux hommes et participe à la vie de son peuple, au point de devenir homme comme eux ;
  • alors que prier ou aller à l’église le dimanche peut vite devenir une obligation ou une habitude familiale, l’enfant prend conscience de ce que la radicalité de l’Évangile s’adresse avant tout au coeur de l’homme, libre de répondre ou non à la relation d’amour à laquelle Dieu l’invite ;
  • si l’appartenance à la famille chrétienne se manifeste par le baptême, les sacrements et les rites, elle n’en est pas pour autant fondée sur des actes magiques ou automatiques : lors de la catéchèse, l’enfant a l’occasion de mieux comprendre les chants et les divers arts liturgiques, ce qui lui permet d’approfondir la raison d’être et le sens de la Tradition de l’Église ;
  • dans un environnement quotidien où la loi du plus fort semble prévaloir, l’enfant se sensibilise progressivement à une justice évangélique, où le mépris et la vengeance sont remplacés par les notions d’amour et de respect de la personne ;
  • face à la difficulté d’affirmer et de vivre ouvertement sa foi, l’enfant apprend à construire avec les camarades de son groupe une communauté fraternelle de croyants, unie par la joie du jeu et du « vivre-ensemble », ouverte sur les besoins du prochain et des plus démunis.

En résumé, pour répondre à notre question initiale, inscrire son enfant à la catéchèse, c’est lui donner la chance dès aujourd’hui, dès l’âge de quatre, six, huit, dix ou douze ans, sans attendre qu’il ait 18 ans, de faire l’expérience de la joie du Royaume de Dieu. Comme Dostoïevski le fait dire à un enfant dans les Frères Karamazov, « le paradis commence dès aujourd’hui sur cette terre, le malheur est que les hommes ne le savent pas ».

L’implication des parents est indispensable

Cependant, pour que l’enfant puisse assimiler et faire fructifier le témoignage qu’il a reçu pendant la séance de catéchèse, pour que toutes les activités scolaires et extrascolaires de l’enfant soient imprégnées de la joie de l’Évangile qui lui a été transmise tant bien que mal, et pour que l’enfant puisse orienter sa vie dans la perspective du Royaume délibérément, avec toutes les cartes en main, le travail seul des catéchètes ne suffit pas ! Une implication des parents est indispensable, et ce, sous différentes formes :

  • montrer à l’enfant que le temps de catéchèse tient une place importante dans le cours de la vie quotidienne (en essayant par exemple d’être ponctuel à la séance de catéchèse) ;
  • revoir, compléter et approfondir avec l’enfant l’enseignement qu’il a reçu (en empruntant, par exemple, des livres de la bibliothèque de la paroisse destinés aux enfants et en les parcourant avec lui) ;
  • initier autant que faire se peut l’enfant à une vie de prière personnelle et communautaire (en famille…) tout en s’efforçant – et c’est sans doute à la fois le plus difficile et le plus important – de vivre soi-même cette vie en Christ.

C’est ainsi que nous pourrons peut-être, dans le cours même de la vie quotidienne, par une activité aussi simple et exigeante que la catéchèse, semer dans le cœur des enfants, cette modeste graine appelée à germer avec l’aide de Dieu. C’est en effet « la joie du Père que vous donniez beaucoup de fruits… » (Jn 15,8).

Jean-Jacques Laham

Jean-Jacques Laham est diacre, père de trois enfants, et travaille en entreprise dans le domaine de la stratégie et de la direction de projet.

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