Vus de l’extérieur, les offices de la Semaine sainte qui mènent à la nuit pascale ont tout l’air d’un marathon, avec leur fréquence et leur longueur, sans parler du régime alimentaire qui les accompagne. Lorsque on les vit tant soit peu de l’intérieur, cependant, la perception est toute différente. Ils nous font participer de façon mystérieuse mais non moins réelle à la Pâque, au passage décisif de la mort à la vie accompli par le Christ pour notre salut.
S’il existe des marathons pour enfants, la tradition de l’Église orthodoxe n’a pas développé de célébrations spécialement adaptées aux plus jeunes d’entre nous, puisque nous sommes appelés à participer tous ensemble, à travers eux, à la réalité du Royaume de Dieu. Habitués que nous sommes à un environnement saturé de sollicitations et de sensations, les offices byzantins peuvent néamoins sembler parfois interminables et monotones. Il s’agit donc de donner dès l’enfance des moyens concrets pour les habiter, plutôt que de les subir, et ainsi en découvrir la réalité profonde.
Il semble important, en préambule, que l’enfant perçoive l’église comme un cadre familier et accueillant où il puisse, sans perturber l’assemblée, pratiquer dès tout petit certaines activités, idéalement en lien avec la célébration, comme des coloriages ou des dessins d’icône… On pourra alors l’habituer à s’interrompre pour lui confier progressivement des responsabilités liturgiques en fonction de son âge, du mouchage des bougies pour les plus jeunes à la participation au chœur pour les plus grands, ou encore la tenue d’un cierge lors des moments importants (évangile, processions…).
Les célébrations de la semaine sainte deviendront alors un cadre privilégié de catéchèse, grâce aux supports des icônes, des chants et des actions liturgiques. Le samedi de Lazare pourra par exemple être l’occasion d’expliquer à un enfant de 3-5 ans, qui découvre la réalité de la mort, que le Christ – Dieu fait homme – vient nous sortir de la tombe. Les enfants s’identifieront facilement à ceux brandissant des palmes lors de l’entrée du Christ à Jérusalem s’ils accompagnent avec leurs rameaux les processions liturgiques de ce dimanche.
De même, toute la dramaturgie dense des Jours saints, depuis le dernier repas du Jeudi saint à la mise au tombeau du Christ lors des matines du Samedi, pourra servir de support à la participation des enfants en leur expliquant au préalable la portée du geste liturgique auquel ils vont s’associer. Il est aussi possible, pour ceux qui sont moins familiers des longs offices, de cibler la venue à l’église en privilégiant des moments comme les derniers évangiles des matines du Jeudi saint ou la procession des matines du Samedi saint.
Les adolescents pourront se voir confier des tâches spécifiques au chœur, comme celle d’organiser la lecture des 15 péricopes de l’Ancien Testament lors de la Liturgie Samedi Saint, ou la préparation de certains chants durant lesquels ils seront tout spécialement conviés au pupitre. À travers cette participation concrète, l’enfant pénètrera petit-à-petit dans la signification des gestes, des symboles, des chants qui tissent la célébration et dont il se forge une compréhension à sa manière.
L’essentiel est d’adapter l’alternance entre une participation liturgique active et des moments plus récréatifs en fonction des capacités de chacun. Le fait de participer en groupe, avec ses amis, est aussi une source puissante de motivation. Pour aider à construire cette intégration des enfants aux offices de la Semaine sainte, on pourra consulter le fascicule Vers la joie pascale (Catéchèse orthodoxe), qui fournit de nombreuses explications pédagogiques en même temps qu’il propose des activités catéchétiques ludiques.
Enfin, c’est surtout par notre disposition même que nous enseignerons à nos enfants la dimension cruciale de ces offices : s’ils perçoivent que là se trouve notre cœur et que nous vivons pleinement le sens de ces célébrations, l’espérance radieuse de la Résurrection se gravera aussi progressivement en eux et les habitera pour toute leur vie.
Olga Lossky-Laham
Olga Lossky-Laham est romancière et doctorante en théologie, mère de 3 enfants. Elle est engagée dans une réflexion sur l’actualisation de la tradition orthodoxe et la transmission de la foi. Elle est également membre fondatrice de l’équipe éditoriale des Chroniques du Sycomore.
Supports pédagogiques
Vers la Joie pascale, fascicule Catéchèse orthodoxe (disponible ici : https://monastere-de-solan.com/autres-auteurs/388-vers-la-joie-pascale.html)
Pâques raconté aux enfants, publication de la Fraternité orthodoxe (disponible ici : https://fraternite-orthodoxe.eu/bis/liste-des-publications-disponibles/)
Apprendre par l’icône la vie de notre Seigneur Jésus, éditions Apostolia (disponible ici : https://www.librairie-monastere.fr/livres-pour-enfants-et-adolescents/451-apprendre-par-l-icone-la-vie-de-notre-seigneur-jesus-christ-9791091445191.html )
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