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Noël, accomplissement des promesses

À Noël, quand nous fêtons la naissance dans la chair du Fils de Dieu, la naissance de Jésus à Béthleem, nous chantons un magnifique cantique qui est l’un des plus anciens de l’Église, l’œuvre de Romain le Mélode qui l’a composé au début du VIe siècle. « La Vierge aujourd’hui enfante Celui qui est au-dessus de toute essence, la terre offre une grotte à l’Inaccessible, les bergers rendent gloire avec les anges, les mages font route avec l’étoile, car aujourd’hui nous est né un petit enfant, le Dieu d’avant les siècles ». Observons les contrastes : comment une vierge peut- elle enfanter ? Comment peut-elle enfanter Celui qui est au-dessus de toute essence, qui est toujours au-delà ? « La terre offre la grotte à Celui qui est inaccessible, les bergers chantent la louange avec les anges. Les Mages font route avec l’étoile car aujourd’hui nous est né un petit enfant, le Dieu d’avant tous les siècles. » Voilà le mystère de Noël : l’enfant qui nous est né est le Dieu d’avant tous les siècles et Il naît parce que c’est une vierge qui L’enfante.

Croire en la promesse

Nous voyons à Noël comment Dieu est fidèle. Dieu n’est pas pressé, il faut savoir attendre la réalisation d’une promesse, attendre non pas passivement mais dans l’espérance au-delà de la mort, attendre en sachant que ce que Dieu a dit se fait. Ce que Dieu a promis se réalisera, même si moi je ne le verrai pas, même si peut-être mon fils ou mon petit-fils ne le verront pas non plus. Je crois parce que Dieu est fidèle et que le plan de Dieu pour le monde finit toujours par se réaliser, quand Dieu le veut, comme Dieu le veut, lorsqu’Il juge que les temps sont enfin mûrs, lorsqu’Il trouve les hommes, ou l’homme, enfin prêts à l’accueillir. Il prépare, Il réalise son projet tout doucement parce qu’Il ne le réalise pas magiquement. Il lui faut la libre collaboration des hommes et Il faut, Lui aussi, qu’Il la cherche, parfois qu’Il l’attende pendant de longs siècles. Dieu sait attendre pour réaliser ses promesses. Il faut donc que nous aussi, nous sachions attendre en espérant.

Si la Nativité du Christ ne s’est produite que dix-neuf siècles après avoir été promise, mais qu’elle a eu lieu parce que les hommes ont cru à la promesse, de même la promesse que nous a fait à son tour le Seigneur Jésus, il y a vingt siècles, à son tour se réalisera. « Je reviendrai ! » nous a-t-Il dit. N’oublions pas que Noël, qui est la fête de la venue de Dieu en ce monde, est aussi celle de sa seconde venue. Si toute les générations, d’Abraham à la Vierge Marie, ont cru et espéré en sa première venue, toutes les générations fidèles depuis l’Incarnation du Verbe jusqu’à nos jours attendent la réalisation de la promesse faite par le Seigneur Jésus Lui-même. Ses disciples Lui demandent quand Il reviendra et Il répond que c’est le secret du Père. Il viendra comme un voleur dans la nuit. Nous ne connaissons donc ni le jour ni l’heure. Il viendra comme l’éclair du haut du ciel qui se voit partout à la fois, Il viendra, disent les deux anges aux apôtres le jour de l’Ascension, comme Il est parti.

Le Seigneur Jésus vient. Nous attendons son retour. C’est pourquoi, avant de communier, chaque dimanche, nous disons : « Je glorifie tes deux avènements ». Oui, la divine liturgie est la communion aux deux avènements du Christ et Noël est la fête de ces deux avènements. Dieu recrée le monde en deux étapes : une première où Il vient pour sauver en faisant appel à la collaboration libre des hommes, puis une seconde où tout s’accomplira, où Il viendra pour juger, pour instaurer de façon définitive et complète le Royaume qui a commencé à exister en germe à Noël.

À Noël tout est encore petit, humble, la graine de la Divinité est semée au milieu de l’humanité et la présence de Dieu, depuis la naissance du petit bébé dans la crèche de Bethléem, travaille le monde.

Le Royaume de Dieu est en marche

La lutte contre le prince de ce monde a commencé dans la première Noël. Le Royaume de Dieu, depuis lors, est en marche. La lutte contre le mal et Satan est à l’œuvre. Il a subi sa première défaite décisive sur la Croix du Christ et lors de sa Résurrection, mais il est encore à l’œuvre pour « mille ans », cette longue période de temps qui s’étend entre les deux Avènements. Le mal existe encore et il n’est pas encore définitivement vaincu, mais sa première défaite sur la Croix est le présage de sa défaite définitive lors du deuxième avènement.

En attendant, il nous faut hâter ce deuxième avènement, c’est saint Pierre qui nous le dit. Dieu ne fait rien sans la collaboration libre et active de ses créatures, car nous ne sommes pas seulement des créatures mais des enfants de Dieu, qui veut exalter notre liberté. Dieu veut que le Royaume soit aussi notre conquête, pas seulement son œuvre à Lui. Il nous donne alors le temps nécessaire pour faire appel à notre collaboration, pour que le deuxième avènement soit aussi le résultat de notre travail. Oui, c’est Lui qui inaugure, qui couronne, mais en même temps c’est nous qui réalisons avec Lui. C’est notre œuvre exaltante durant cette longue période qui sépare les deux avènement, permettant à l’homme de préparer le Royaume de Dieu en collaborant à l’œuvre divine.

Encore faut-il que nous gardions cette merveilleuse espérance, encore faut-il que nous sachions que Dieu tient toujours ses promesses et que s’Il a tenu la promesse faite à Abraham – qui a été la cause de la joie de Marie lorsqu’elle en a vu la réalisation – Il tiendra aussi la promesse qu’Il nous a faite par la bouche de son propre Fils. La réalisation ne se fera que lorsqu’Il jugera les temps mûrs. Nous pouvons seulement hâter ce jour par notre foi, notre espérance, notre amour, en fêtant Noël avec foi, non d’une façon commerciale, non pas simplement avec des lampadaires dans la ville, des dindes et des bouteilles de champagne, des boîtes de nuit et toute cette perversion de Noël à laquelle nous assistons de nos jours, mais en attendant et en fêtant la venue du Sauveur et de Dieu parmi nous, en fêtant ses deux avènements, avec les pauvres, avec les enfants qui souffrent, avec les prisonniers, avec tous ceux qui souffrent de par le monde.

Ce sont les petits, les bergers qui discernent Celui qui est né, tandis que l’aubergiste lui ferme la porte. Méfions-nous du commerce de Noël. L’aubergiste était le bon commerçant qui se frottait les mains parce qu’on affluait à Bethléem pour s’inscrire selon le décret de César. Noël est une bonne affaire pour les commerçants et il n’y a plus de place pour le Fils de Dieu dans le cœur des hommes d’argent.

Noël, c’est cette solidarité avec tous les enfants de Dieu qui souffrent dans l’espérance du deuxième avènement garanti par le premier. Voilà la vraie Noël. Fêtons-la dignement en étant prêts à accueillir dans l’étable et dans la crèche de notre cœur le Fils de Dieu qui vient, en communiant, en recevant son corps et son sang dans notre corps, en L’accueillant, en étant nous-mêmes la crèche vivante, le temple du Saint Esprit et en le prouvant par l’amour de nos frères, par notre solidarité. Oui, que notre cœur de pierre se change en cœur de chair, fêtons avec amour et espérance la Nativité de notre Sauveur, la visitation du monde par Dieu. « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre, bienveillance de Dieu envers les hommes ! »

père Cyrille Argenti (+)

Le père Cyrille Argenti (1918-1994) fut une figure majeure de l’orthodoxie en France au XXe siècle. Résistant, moine et prêtre à Marseille, il a œuvré à l’avènement d’une orthodoxie d’expression locale ainsi qu’au dialogue oecuménique.

Source : https://monastere-de-solan.com/content/24-pere-cyrille

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